Notre Defender étant paré pour le shipping vers Veracruz, au Mexique, nous avons une dizaine de jours à passer avant de le récupérer. Alors, pourquoi ne pas aller à Cuba ?? C’est une grande folie mais c’est sur le chemin et nous nous disons qu’il ne faut pas rater cette occasion.
Nous nous levons très tôt pour prendre notre avion à 6h30 du matin, direction Bogota, puis un vol Bogota-La Havane. En fait il était totalement imprévoyant de prendre un vol et de quitter Carthagène avant que notre véhicule n’est embarqué sur le RO-RO, départ prévu le 20 avril (Roll-on/Roll-off : le véhicule rentre sur le bateau en roulant, non dans un container) : s’il y a un quelconque problème de douane ou de papiers nous ne serons pas là pour le régler et nous allons effectivement nous faire des frayeurs…
Notre arrivée à La Havane est sans photo (démantibulé entre les crocs de Max, chien anti-drogue au port de Carthagène…). Dès la sortie de l’aéroport, nous sommes saisis par ce pays incroyable : les voitures américaines de années cinquante, les couleurs, les autoroutes jusqu’au centre-ville sans circulation…. C’est tout ce qu’on nous en a dit et bien plus encore !
Nous avions réservé notre première nuit dans une « casa particular », sorte de chambre chez l’habitant. Depuis quelques années, les cubains ont le droit de louer des chambres aux touristes, sous le strict contrôle de l’état bien sûr. Nous nous baladons dans les rues de La Havane, en croyant être dans un film. Heureusement, Benjamin déniche des petits tournevis de précision et… répare l’appareil photo !
Alors c’est parti !
Palais décatis, façades rénovées, tas de gravats, linge aux fenêtres, cubains sur le pas de leur porte, quasi aucune voiture dans les rues… On ne se lasse pas de parcourir les rues (enfin nous les adultes, car les enfants râlent « on a mal aux pieds… » !!)
Nous regardons ébahis ce monde si différent. Ce qui est amusant c’est qu’ils sont tout autant ébahis par nous et surtout nos 4 enfants… A tous les coins de rue, les gens nous interpellent « Cuatro ! Cuatro ! », et viennent nous parler ! Nous avons souvent été remarqués en Amérique du Sud (4 enfants pour des Européens !) mais jamais autant qu’à Cuba. Les remarques sont sympathiques et bon enfant, et les hommes félicitent virilement Benjamin (hum ! hum !)
Cuba est donc un des derniers pays communistes et c’est vraiment les soviets sous les palmiers !
Il y a comme deux pays, avec deux économies : une pour les cubains avec carnet de rationnement, épicerie à moitié vide, et la monnaie nationale, et une pour les touristes avec monnaie convertible (le CUC), restaurants bien achalandés, hotels, casas particulares. Notre impression est forcément très limitée mais les Cubains n’ont rien, ou quasi !
Il y a des restaurants pour cubains, des restaurants pour touristes, des bus à bestiaux et des charettes pour cubains, des taxis pour touristes, des casas pour Cubains, des hôtels pur touristes… Deux mondes très différents, et nous essaierons par moment de passer de l’un à l’autre !
La connexion internet est très particulière : il faut acheter une carte de 1, 5 ou 10 heures puis se connecter dans les lieux autorisés (grands hôtels, entreprise de télécoms…) qui sont finalement assez rares.
A La Havane, il y a quelques rues pleines de touristes, mais nous avons l’impression que, globalement, ils ne s’aventurent pas ailleurs…
Et puis de la musique partout ! Bien sûr pour les touristes mais pas que !
Une ambiance de rue.
La pause du boulanger !
Le blocus américain a obligé les cubains à maintenir et réutiliser tout ce qu’ils avaient, notamment les véhicules des années 50, puis les véhicules soviétiques.
Alors que nous nous connectons dans un grand hôtel pour prendre quelques nouvelles, un mail de notre transitaire à Carthagène nous avertit qu’il lui manque des papiers de douane. Il est 10h45 du matin et s’il ne les a pas avant 12h00, le Defender ne montera pas sur le bateau… Alerte !!! Courir à la casa particular, récupérer les papiers, trouver un scan (et à Cuba c’est TRES difficile de trouver cet objet), retrouver une connexion internet, racheter une carte car la première ne marche plus…11h55 le papier est envoyé ! Ouf mais que de stress !!
Le lendemain, nous quittons La Havane et prenons la direction de l’ouest, vers Viñales.
Comment voyage-t’on à Cuba ?? Il faut tout réapprendre après l’Amérique du Sud. Pas de bus à la pelle et bon marché mais des bus pour Cubains, rares, et qui sont en fait des camions à bestiaux bâchés avec des bancs. Quelques bus pour touristes mais il faut réserver quelques jours en avance et ça nous, on ne sait pas faire ! Donc, il faut trouver soit un taxi, soit un « colectivos » (taxi collectif de 8 personnes environ), mais les prix sont vraiment élevés. Donc il faut parlementer, négocier, et nous arriverons généralement à payer 4 places pour nous six…
Donc, nous voilà en route pour Viñales… une autoroute où on ne se bouscule pas, forcément, les Cubains n’ont pas de voiture ! Les deux derniers sont épuisés.
Nous rentrons dans la région de culture du tabac et nous croisons de grands séchoirs à tabac.
Le long de la route, de nombreux slogans révolutionnaires !
Viñales est un village extrêmement touristique. Nous avons l’impression que chaque maison est une casa particular. Nous trouvons donc assez facilement à nous loger : nous partagerons tous ensemble une chambre à la « Casa Ana ». Les propriétaires sont sympathiques mais nous avons toujours cette impression que chaque acte sympathique est motivé par une future commission sur un repas, un resto, une activité… les différences de niveau de vie sont si importantes et le rabattage constant.
Benjamin a fait une petite provision de cigares à La Havane, et les savoure en fin de journée avec un daïquiri !
Tchin ! Que le rhum est bon à Cuba !
Enfin, nous dégustons notre première langouste, délicieusement cuisinée par notre hôte.
Le lendemain, nous prenons un taxi pour passer la journée à Cayo Jutias : un cayo est une sorte de presqu’île, reliée à la terre par une bande de terre de la largeur de la route, avec une plage de rêve au bout. Nous trouvons un coin, un peu à l’écart de la foule devant les paillotes et les chaises longues. C’est un calcul savant car il faut s’éloigner de la foule sans trop rentrer dans la mangrove infestée de moustiques.
C’est plutôt pas mal !
Les enfants se mettent au travail !
S’enterrent et récoltent des coquillages.
Il y a un petit récif corallien et nous partons avec nos masques et tubas. Mayeul et Marguerite repèrent de magnifiques poissons. Mais il est midi, et quoi de meilleur qu’une langouste grillée sur la plage avec une piña colada !
Alors qu’il est l’heure de rentrer, le ciel devient menaçant et les couleurs sont incroyables entre le bleu lagon de la mer et le noir du ciel.
Sur le chemin du retour les enfants sont épuisés.
Viñales est un joli village, aux maisons pimpantes, où les belles américaines côtoient les charrettes à cheval. Dans la campagne cubaine, la charrette et le cheval ne sont pas du tout du folklore, mais sont un moyen de transport courant : la notion du temps et de l’espace en sont transformés. Et quel calme !
Après notre journée plage, nous partons marcher dans la magnifique campagne de Viñales : entre les champs de tabac, se dressent les « mogotes », de gros rochers comme des pains de sucre, recouverts de végétation. Les petites fermes et les séchoirs à tabac parsèment le paysage.
Nous décidons de découvrir ces vallons avec le moyen de transport local : à cheval. Benjamin, qui n’aime pas particulièrement les chevaux, nous accompagne à pied.
Les plants de tabac sont encore petits, et la saison des pluies est en train de commencer. Heureusement il fait un temps magnifique pour notre balade.
Nous nous arrêtons dans une ferme pour visiter une exploitation de tabac.
Le séchoir.
Démonstration du roulage d’un cigare.
Ensuite on déguste en bonne compagnie !
Nous retrouvons nos chevaux et terminons notre balade dans cette campagne pleine de vie.
Un caméléon distrait notre pause déjeuner.
Puis une dernière balade jusqu’à un arbre impressionnant, avec plein de petites autels vaudous cachés dans les racines…
Quelle belle journée ! Demain, nous reprenons la route pour l’autre côté de l’île, destination la Baie des Cochons…